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Ricardo Pinto, candidat des «Vacances des Anges» : «On me fait passer pour un animal» - Le Parisien

« Là, c'est la merde! » Voici comment Ricardo Pinto, « menacé de mort toutes les trois minutes », résume la situation après une altercation impliquant un maire local, qui a entraîné l'annulation du tournage des « Vacances des anges » et l'exfiltration du candidat de téléréalité de l'île de La Réunion. Il réside actuellement dans le sud de la France, avec sa compagne Nehuda et leur fille de 3 ans, dans un hôtel dont l'adresse est gardée secrète. « Aujourd'hui, j'ai encore peur », confie Ricardo. Dans la chambre d'à côté, la production des « Anges » a engagé des gardes du corps pour assurer la sécurité de la famille.

Tout a basculé dimanche 10 janvier, la veille du tournage pour NRJ 12. Ce jour-là, une bagarre éclate au restaurant de leur hôtel, à Saint-Denis. D'un côté, Ricardo, sa compagne Nehuda et Johanna, la nounou des candidats. De l'autre, Joe Bédier, maire de Saint-André, et sa famille. D'après l'édile, sa femme a été « littéralement plaquée au sol » et lui a « pris des coups d'une violence inouïe par trois types très baraqués » pour une histoire de photos. S'ensuit un emballement médiatique et politique, avec même un tweet de Sébastien Lecornu, ministre des Outre-mer, dénonçant des « actes de violence […] inadmissibles ». Et l'ouverture d'une enquête pour violences volontaires en réunion.

Cinq jours après les faits, Ricardo Pinto prend la parole pour la première fois, avec l'aval de ses avocats. Dans l'après-midi, il a fait un premier bilan médical : hématomes sur le dos et hernie discale, lui « paralysant la jambe gauche par moments ». « Je suis bien cassé », ajoute-t-il.

Vous portez une minerve. Rien de grave ?

RICARDO PINTO. Pff… J'ai envie de dire ça va, mais, en vrai, ça ne va pas du tout. J'ai le dos explosé. Je sors d'une radiologie, demain, c'est l'IRM complète. Je me fais soigner au fur et à mesure. Sans compter que c'est très dur psychologiquement. Tout ce qui vient de se passer, ça a été quelque chose de très difficile. C'est dingue de se retrouver coupable dans la presse alors qu'on est victime. On me fait passer pour un animal, un drogué, un alcoolique qui tape des femmes et des enfants. Du grand n'importe quoi. On a crucifié un père de famille. Derrière, je reçois des insultes et des menaces de mort. C'est très grave. On m'a fait porter le chapeau sans vérifier la moindre information.

C'est-à-dire ?

OK, très bien, le maire se plaint de ci et de ça. Mais où sont les marques de coups ? Où sont les blessés ? Où est l'ambulance ? Vingt minutes après tout ça, il était au bord de la piscine à faire des interviews. Où est la cohérence ? Heureusement, la police s'est posé la question. Mais la presse… On me décrit comme le pire criminel du monde alors qu'on m'a tabassé à huit contre un.

Que s'est-il exactement passé, d'après vous ?

Très simple. Comme depuis trois jours, la personne en charge des candidats (NDLR : Johanna, employée par Ah ! Production) a demandé aux gens autour de nous de ne pas diffuser les photos pour des raisons de confidentialité. Rien de mal. Elle a dû le faire soixante-dix fois depuis notre arrivée. Sauf que là, elle est tombée sur deux personnes acharnées, qui immédiatement se sont mises à l'insulter alors qu'elle fait 1,30 m. Moi, j'étais au loin, en train de faire manger ma fille, quand ma compagne est intervenue pour prendre sa défense. Jusqu'au moment où le fils du maire s'est levé et lui a dit : « Ici, t'es chez nous ». Puis, il s'est avancé vers elle comme s'il allait l'agresser.

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Et ensuite ?

Mettez-vous à ma place ! Je n'ai pas eu d'autres choix que d'intervenir. A partir du moment où je l'ai repoussé, ça a pris quelques secondes. Et bam, bam, les coups ont plu. Lui m'a mis le premier coup, puis son père m'a explosé une chaise dans le dos.

A quel moment vous rendez-vous compte que Joé Bédier, le maire de Saint-André, est impliqué ?

C'est la police qui me l'apprend. Je suis d'ailleurs descendu le voir pour m'excuser, alors que je suis la victime du truc. Je voulais passer l'éponge, pour assurer mon avenir et le tournage du lendemain. En face, le maire nous a menacés. Son premier réflexe, ça a été d'appeler le préfet et les médias. Alors finalement, on a décidé de porter plainte avec la nounou, tout en laissant la garde de notre fille à mon beau-père.

Et une fois au commissariat, que se passe-t-il ?

La priorité des agents, ça a été d'assurer notre sécurité. A ce moment-là, je craignais pour ma vie et celle de ma famille. J'ai survécu à huit personnes, mais je ne suis pas surhumain, non plus. Nous sommes arrivés les premiers sur place pour déposer plainte mais, au final, on a dû répondre à celle du maire. Ce qui nous a valu une garde à vue de 17 heures, avec une nuit à dormir sur le sol chacun dans une cellule. Pourquoi monsieur le maire n'y a pas eu droit aussi ? Tout le monde a bu ses paroles comme de l'eau bénite. Heureusement que le procureur fait bien son job.

Le premier réflexe de la production a été de vous exclure du tournage…

C'était normal qu'ils se protègent, vu tout l'argent investi dans cette émission. Et surtout, ils ont voulu éviter que la situation ne s'envenime.

Puis le lendemain, à 14 heures, la production met en place votre exfiltration, direction Paris…

Il y avait un dispositif de sécurité digue d'un film, avec escorte policière et gardes du corps dans l'avion. Je n'ai pas fermé l'œil. Je redoutais que quelqu'un s'en prenne à nous. Et j'ai dû attendre d'être rentré pour commencer à être soigné. Mais rassurez-vous, j'ai fait une prise de sang sur place. Les résultats vont tomber demain. Je vous les donne déjà, c'est négatif. Je n'ai consommé ni drogue, ni alcool, alors qu'on me fait passer pour un camé, un junkie. Comment peut-on relayer ces mensonges ? Et mon passé ? Mon casier judiciaire est vierge (NDLR : il a été mis en examen en 2017 pour violence volontaire sur sa fille alors âgée de 4 mois, mais le juge a retenu la cause accidentelle). Je n'ai aucune condamnation.

Pourquoi ne pas avoir parlé plus tôt ?

On aurait pu. Mais mon état de santé ne me le permettait pas. Il fallait aussi protéger notre fille. Et puis, on attendait de réunir plus de preuves et le feu vert de nos avocats. Certaines personnes présentes sur place, qui ont pris des photos et vidéos, m'ont dit avoir peur des représailles du maire et de sa famille qui est allée voir tout le monde.

Comment voyez-vous les prochains jours ?

Ma priorité, c'est de mettre en lumière toute cette affaire, prouver notre innocence. J'attends que la vérité éclate, même si ça demande du temps. J'aimerais aussi avoir des excuses de tous ceux qui m'ont crucifié et que j'attaquerai en retour. Mais ce que je souhaite le plus au monde, c'est de retrouver une vie normale. Etre soigné de tout ça. Je vais devoir emmener ma fille voir un psychologue. Ce qui s'est passé est traumatisant. Moi-même, je ne sais pas quoi faire. On vit un stress de dingue.

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