Search

«J’ai besoin que la loi soit mise en face de ce que j’ai vécu» : la fille de Richard Berry sort du silence - Libération

Elle dit avoir «toujours eu très peur de son père» et craindre de «faire du mal à d’autres que soi» en témoignant. Coline Berry-Rojtman, la fille de l’acteur Richard Berry, a porté plainte le 21 janvier contre son père et son ex-compagne la chanteuse Jeane Manson pour «des faits de viols ou d’agressions sexuelles incestueux, et de corruption de mineure» autour des années 1984-1985. Le parquet de Paris a ouvert une enquête et la quadragénaire, devenue agent d’artiste, a été entendue longuement jeudi par les enquêteurs de la brigade de protection des mineurs. Elle s’est exprimée pour la première fois publiquement, dans un entretien diffusé ce lundi par France info. En dit avoir conscience que sa plainte «n’allait pas être passée sous silence» : «Je sais que je dénonçais encore plus que les faits. Je dénonçais l’image qu’il s’est construite.»

«C’était ça ou j’en crevais»

Coline avait 17 ans et traversait «des crises d’anorexie et de boulimie» lorsqu’elle a pour la première fois rapporté à sa mère, la comédienne Catherine Hiegel, «les jeux sexuels» de son père, rapporte le Parisien dans un article publié ce lundi. A cette époque, elle n’est pas prête à se tourner vers la justice. «Il y a plusieurs périodes de ma vie où j’ai pensé faire cette démarche, des moments où, évidemment, ce n’était pas du tout prescrit», explique-t-elle calmement à France info, assurant avoir «plus ou moins réussi à gérer certains traumatismes». Dans le Parisien, le producteur Romain Rojtman, ex-mari de Coline qui «a passé quatorze ans avec elle», raconte que «cet inceste a toujours été très présent dans [leur] vie».

C’est la lecture du livre de Camille Kouchner, la Familia grande, dans lequel l’autrice raconte les abus sexuels commis par son beau-père, le politologue Olivier Duhamel, sur son frère jumeau alors âgé de 13 ans, qui l’a décidée. «Cela a été l’alignement, l’addition, reprend Coline Berry-Rojtman, je l’ai ressenti physiquement, c’est-à-dire que c’était ça ou j’en crevais, en fait.» Elle parle d’un geste «vital» : «Le mal que ça m’a fait est devenu plus fort que celui que j’avais peur de lui infliger.» «J’exposais aussi ma famille, mes enfants, à une médiatisation qui est lourde à porter, a-t-elle ajouté, mais les effets secondaires négatifs sont moins importants que le bénéfice.» Dans un post publié le 2 février sur son compte Instagram, Richard Berry a démenti «de toutes [ses] forces et sans ambiguïté ces accusations immondes» et a assuré n’avoir «jamais eu de relations déplacées ou incestueuses avec Coline, ni avec aucun de ses enfants».

A lire aussi

Coline Berry-Rojtman dit de son côté «avoir eu des échanges» avec son père pour tenter de le confronter aux faits. «Mais soit il les minimise en les considérant comme anecdotiques. Soit il considère que c’est de la faute de Jeane Manson, dont il aurait subi la liberté sexuelle.» Les postures de Richard Berry varient, elle affirme aussi qu’il arrive qu’il la «traite de folle». Au journal le Monde, qui a publié le 3 février une enquête sur cette affaire, Richard Berry a déclaré qu’il souhaitait demander une expertise psychiatrique de sa fille, expertise qu’elle disait alors ne pas redouter.

Le besoin de «la reconnaissance des faits»

Les faits sont prescrits, mais peu importe. Coline Berry-Rojtman dit ne pas chercher une condamnation, que cela «ne lui apporterait rien». Pour elle, ce qui compte, c’est la «reconnaissance des faits». Elle a répété trois fois ce terme au cours de l’interview à France Info, soulignant en «avoir besoin». «J’ai simplement besoin que la réalité, la vérité soient mises en face, que la loi soit mise en face de ce que j’ai vécu», insiste-t-elle. Elle déplore le «déni» de son père, «une destruction qui vient s’ajouter à la déchirure». A ce stade, elle ne regrette pas sa démarche. «Je peux permettre […] de donner le courage à d’autres de prendre la parole […] de pointer au niveau de la société le besoin qu’on a, nous les victimes, de s’exprimer.» En déposant plainte, elle dit qu’elle s’est sentie «délestée» de quelque chose : «C’est peut-être très candide, mais je suis sereine et ça m’a apaisée. Je suis complètement soulagée.»

Let's block ads! (Why?)

En savoir plus et une source d'actualités ( «J’ai besoin que la loi soit mise en face de ce que j’ai vécu» : la fille de Richard Berry sort du silence - Libération )
https://ift.tt/2OwiScP
Divertissement

Bagikan Berita Ini

0 Response to "«J’ai besoin que la loi soit mise en face de ce que j’ai vécu» : la fille de Richard Berry sort du silence - Libération"

Post a Comment

Powered by Blogger.